L’Agence Environnementale américaine ( US EPA ) a lancé entre 1997 et 1999 une action de soutien à la création de projets de développement éco-industriel aux Etats-Unis. Elle a ainsi financé le développement du premier outil informatique d’aide à l’identification de synergies : FAST (Facility Synergy Tool). Cet outil vise à « aider les planificateurs et les collectivités en identifiant les échanges de matières, d’eau et d’énergie potentiels, les opportunités de vente d’énergie et de coordination de certains achats entre des entités industrielles et non-industrielles » .
Il contient des bilans flux entrants/flux sortants (bilan E/S) de plusieurs types d’activités et supporte des démarches de recherche « déductives » de synergies sur un territoire : les synergies sont déduites à partir des profils d’activités contenus dans la base. Une entreprise déclarant une activité de plasturgie aura a priori un bilan E/S type, pour ce type d’activité, s’il a été préalablement étudié et saisi dans FAST. Il est donc possible de comparer des types d’activités à d’autres types d’activités. Cette fonction permettrait de créer un parc éco-industriel virtuel sur un territoire qui ne comporte aucune entité. Il est également possible de saisir un bilan E/S particulier qui peut être celui d’une entreprise réelle, et donc de rechercher des synergies entre cette entité et les types d’activités saisis dans Fast. Une idée principale de la démarche entreprise par l’US EPA est que cet outil évolutif soit exploitable par n’importe quel membre du groupe ciblé. Cependant, aucun outil méthodologique n’encadre la description et la formalisation des flux. Fast est une base Access 97, téléchargeable sur internet. La dernière version date de février 1999. Deux types de requêtes sont possibles : chercher les échanges possibles entre des types d’activités ou/et des entités saisis dans la base, chercher les échanges possibles concernant un type de flux précisément identifié. Lors de la saisie d’un bilan E/S, la désignation des flux est libre, chaque flux devant cependant être codé grâce à deux mots-clés représentant certaines de ses caractéristiques physiques, chimiques ou fonctionnelles. Chaque mot-clé peut être choisi dans une liste ou créé par l’utilisateur s’il n’existe pas. La base de données Fast a été connectée durant une période à un modèle d’optimisation des combinaisons d’activités synergiques (Diet : Designing Industrial Ecosystems Tool) et un modèle d’analyse de la faisabilité d’un échange (Reality : Regulatory Economics and Logistics Tool). Ce groupe d’outil a été utilisé dans le cadre du projet d’écologie industrielle de Devens (Massachussets), des projets de parcs éco-industriels de Burlington (Vermont – Etats-Unis), Londonderry (New Hampshire – Etats Unis) et Boston.
La démarche de l’US EPA est claire : elle consiste à développer un outil d’aide à la conception de parcs éco-industriels évolutif et ergonomique, exploitable par les décideurs. La phase de mise œuvre, dont le vecteur est l’outil Fast, met en lumière certaines limites de cette approche prospective basée sur l’utilisation de profils d’activités. Elle souligne également insuffisances de cet outil qui reste un « prototype ». Il est en général considéré comme trop complexe pour être utilisé par les cibles de la démarche. L’efficacité de l’outil est liée à la quantité de données contenues dans la base : le nombre de pistes de synergies trouvées et le nombre de profils d’activités saisis sont naturellement corrélés. Si l’effort d’alimentation de l’outil n’est pas suffisant, il est inutilisable. Certains choix techniques limitent également l’efficacité de Fast : le codage de chaque flux en deux mots clés génère un « bruit » considérable dans les résultats. La liberté de choisir les mots clés dans la liste ou d’en saisir de nouveaux, comme c’est visible dans la figure suivante, peut causer de considérables pertes d’information. Elle nous montre des mots clés mais aussi des nombres, sans aucune explication sur leur signification (nomenclature de produits ? de déchets ?).