Les bénéfices de la symbiose

 

Bénéfices environnementaux

Parmi les bénéfices environnementaux de la Symbiose, on peut mentionner notamment une économie d'eau (souterraine et de surface) de l'ordre de 3 millions de m3 par an.
Autrement dit, si les entreprises, au lieu de collaborer pour une utilisation collective de la ressource, prélevaient chacune de manière isolée l'eau dont elles ont besoin, la consommation totale d'eau augmenterait de 3 millions de m3 par an. C'est une économie substantielle dans une région comme celle de Kalundborg,où les ressources en eau douce ne sont pas très abondantes. Par ailleurs, on voit la pertinence d'une telle utilisation de l'eau en cascade (l'eau circulant d'un utilisateur à l'autre) dans des régions et des pays souffrant d'un manque d'eau.
Quant au réseau de chauffage à distance, alimenté par la chaleur perdue de la centrale électrique, on voit qu'il permet d'économiser une vingtaine de milliers de tonnes de mazout par an (soit en gros une tonne économisée par an par habitant de Kalundborg).
On voit enfin l'économie de deux cent mille tonnes de gypse, puisqu'il n'est plus nécessaire d'importer cette matière première de l'étranger.
 

Bénéfices économiques

La symbiose de Kalundborg présente également des avantages économiques pour ses membres. Tous les accords passés entre les entreprises sont de nature commerciale, et donc confidentiels. On ne dispose donc pas de chiffres précis. On sait toutefois que ces échanges sont tout à fait profitables du point de vue économique, comme le montre l'estimation ci-dessus.
Autre élément importants : tous les échanges se font selon les conditions du marché, aucun projet ne reçoit des subventions publiques.
Les échanges entre les partenaires de la Symbiose peuvent prendre des formes très variées : troc, vente, etc... Par exemple, le partenaire qui reçoit de la vapeur peut accepter de payer le pipe line, en échange d'une vapeur bon marché. A l'inverse, un partenaire peut prendre en charge les frais de transports, mais en demandant un prix de vente incluant ces frais. Les configurations varient d'un cas à l'autre, tout est négocié de gré à gré.
Naturellement, les contrats prévoient les cas de figure où l'un des partenaires connaîtrait une rupture de livraison de son « produit » (vapeur, eau, cendres, gypse, etc.), par exemple à cause d'une période d'entretien de ses installations, d'une panne, etc... Dans chaque cas, les contrats prévoient, dans la mesure de possible, les mesures garantissant que les livraisons ne seront pas interrompues.
 

Le cas de Kalundborg

La Symbiose de Kalundborg présente quelques caractéristiques qui méritent d'être relevées:

  1. Comme aiment à le répéter les pionniers de la Symbiose de Kalundborg, il s'agit d'un « non projet, non planifié ». En effet, les échanges entre partenaires se sont développés progressivement à partir des années 70, au cas par cas, sans aucune volonté de réaliser un projet particulier. Il s'agissait essentiellement de bon sens (économique principalement) dans la gestion de ces entreprises. C'est seulement en 1989 que les partenaires ont réalisé qu’ils avaient construit, sans l'avoir cherché, un réseau complexe d'échanges, et ils lui ont alors donné le nom de « Symbiose industrielle ». A l'inverse, les différents projets en cours dans le monde de parcs ou réseaux éco-industriels, qui s'inspirent de l'exemple de Kalunborg, sont conçus dès le départ comme des projets visant à optimiser les synergies dans le délai le plus court possible. La situation idéale étant celle où la démarche de symbiose (ou synergie) éco-industrielle est intégrée dans la planification même d'une nouvelle zone industrielle ou le développement économique d'une région.

  2. Comme déjà mentionné, les échanges entre les partenaires de Kalundborg n'ont pas bénéficié de subventions, apportant la preuve qu'un tel système, même à grande échelle, peut se révéler économique performant. Toutefois, il est parfaitement envisageable d'envisager des subventions, si cela s'avère utile au démarrage et à la pérennité d'un nouveau réseau éco-industriel, et surtout si un tel soutien permet sa réalisation dans des délais aussi courts que possible.

  3. Le problème de la défaillance possible d'un partenaire, comme indiqué précédemment, doit être pris en compte dès le départ d'un projet de synergie. Il est toujours possible, en effet, qu'une entreprise cesse ou modifie ses activités, ou déménage, etc... C'est pourquoi, l'entreprise qui reçoit un flux de matière ou d'énergie veille toujours à s'assurer d'autres sources d'approvisionnement possibles. Mais en règle générale, les entreprises acceptent de prendre un tel risque, dans la mesure où il est compensé par un net gain économique, à savoir l'accès à une ressource bien meilleur marché. Par ailleurs, il existe une solution très prisée des entreprises, notamment dans le cas de synergies énergétiques (réseau de froid, de chaleur, de vapeur, etc...). Cette stratégie consiste à recourir aux services d'un tiers opérateur. Dans ce cas, c'est une entreprise tierce (souvent spécialisée dans les services énergétiques) qui garantit la livraison de chaleur ou d'énergie à l'entreprise cliente. Ce tiers opérateur prend en charge la construction et l'entretien des installations (pompes, pipe lines, etc...) et garantit l'approvisionnement du client. C'est au tiers opérateur qu'incombe la responsabilité de trouver une nouvelle source d'approvisionnement en cas de défection de l'un des partenaires de la synergie.

 

L'effet de la symbiose industrielle

On peut exprimer graphiquement l'impact qualitatif de la symbiose (ou synergie). Traditionnellement, il existe une corrélation linéaire entre l'activité économique et les impacts sur l'environnement: plus les activités économiques augmentent, plus les impacts négatifs sur l'environnement augmentent également.
A l'inverse, avec une stratégie comme celle de la symbiose, en favorisant systématiquement des synergies entre entreprises pour un usage optimal des ressources, l'impact environnemental des activités économiques se stabilise à un certain niveau, voire même peut diminuer.