Intensifier (Dématérialisation)

 

Dématérialisation absolue et relative

La dématérialisation des activités économiques constitue le troisième axe de maturation du système industriel.
En pratique, il s'agit d'utiliser les ressources de manière beaucoup plus efficace.
Il convient de distinguer la dématérialisation relative et la dématérialisation absolue.
La dématérialisation relative consiste à produire plus de valeur ajoutée avec proportionnellement moins de ressources matérielles. Toutefois, dans la mesure où l'économie continue de croître, la consommation totale de ressources continue d'augmenter. Simplement, elle augmente moins vite que sans dématérialisation.
Par exemple, le «Facteur 4» désigne le fait que l'on produit deux fois plus de richesses avec proportionnellement deux fois moins de ressources. Mais en valeur, absolue, la consommation de ressources matérielles continue d'augmenter.
Naturellement, du point de vue pertinent pour l'environnement, en dernière instance, le but ultime est la dématérialisation absolue: c'est-à-dire la diminution, en chiffres absolus, de la consommation de ressources et d'énergie.
C'est ainsi que le «Club du Facteur 10» a proposé, il y a quelques années, de diviser par dix la consommation totale de ressources! Ce qui impliquerait naturellement l'arrêt du système industriel sous sa forme actuelle.
Il est donc plus réaliste de commencer par tenter de mettre en oeuvre une stratégie de dématérialisation relative, tout en gardant en ligne de mire l'objectif final visé: la diminution, en valeur absolue, des flux de ressources. Toutefois, cette diminution n'est pas forcément homogène partout et pour toutes les ressources
En effet, selon les ressources et selon les régions, la dématérialisation peut viser des objectifs très variables: par exemple, dans des pays très riches en ressources hydriques, il n'apparaît pas prioritaire de chercher à diminuer la consommation d'eau. On peut même imaginer l'augmentation de la consommation d'eau dans de telles régions.
La dématérialisation peut donc se faire de manière très différenciée selon les ressources et selon les régions.
Remarque
Objectif:Découpler le bien-être de la consommation croissante de ressources.

 

Définition

Remarque
La dématérialisation de la production peut entraîner une «rematérialisation» par la consommation
Dans son principe, l'idée de dématérialisation semble très simple. En fait, elle n'est pas aussi triviale qu'elle peut en avoir l'air.
Par exemple, si l'on fabrique des objets plus légers (donc avec moins de matière), mais que objets sont plus fragiles et ont une durée de vie utile plus courte, on risque de «rematérialiser» le processus en devant fabriquer plus d'objets, etc.
Attention à ne pas confondre la dématérialisation avec deux autres notions voisines:

 

Avantages

Signalons deux avantages indirects d'une dématérialisation des activités économiques:

 

L'effet rebond

L'un des défis majeurs de la dématérialisation, réside dans l'effet de rebond. C'est un phénomène souvent observé de feedback positif, non souhaité en l'occurrence: par exemple, l'informatique devait apporter le bureau sans papier. Or on constate que la consommation de papier a augmenté plus que jamais depuis l'introduction à grande échelle de l'informatique... Autre exemple: la mise sur le marché d'une petite voiture consommant très peu d'essence peut ne pas se traduite par une diminution de la consommation de carburant, mais par une augmentation, du fait que les ménages achètent cette voiture comme un second véhicule, sans pour autant renoncer à leur première voiture...
Toute mesure de dématérialisation doit donc tenter d'anticiper de tels effets de rebond, afin de les prévenir dans la mesure du possible.
Remarque
Défi majeur: «l'effet de rebond»
Ex.: le bureau sans papier («paperless office»...)
 

La dématérialisation systémique

Si l'on observe les flux et les stocks de ressources du système industriel dans sa globalité, on constate que le principal enjeu de la dématérialisation ne concerne pas tant les objets de la vie courante que les grandes infrastructures: réseaux routiers, aéroports, installations portuaires, gares, pipe-lines, - le domaine bâti en général.
Une stratégie en particulier est envisagée de ce point de vue pour une dématérialisation systémique: freiner l'étalement urbain, en rendant les zones habitées plus denses. En effet, l'habitat dispersé de banlieue est l'un des pire «matérialiseurs» possible (plus de routes, plus de transports, plus de canalisations, etc.).
La dématérialisation concerne donc également au premier chef l'urbanisme, l'architecture, et l'aménagement du territoire.
Remarque
Enjeu principal: la «dématérialisation systémique»
(infrastructures, domaine bâti, aménagement du territoire).
Remarque
Compactification urbaine
 

Stratégie de durabilité

L'une des stratégies de la dématérialisation est la «durabilité», qui consiste à prolonger autant que possible la vie utile d'un produit.
Il s'agit de favoriser en premier lieu la réutilisation d'un produit, puis sa réparation (si nécessaire), ensuite sa remise en état (réparation plus importante, «remanufacturing» en anglais), et enfin le recyclage proprement dit, qui constitue la dernière option. En effet, le recyclage, qui consiste à réduire un produit à ses composants élémentaires, détruit non seulement la valeur ajoutée de l'objet, mais aussi la fonctionnalité des matériaux et l'énergie incorporée. De plus, le recyclage est une activité qui peut consommer des quantités non négligeables d'énergie et de matériaux (par exemple de substances servant à renforcer les fibres plastiques fragilisées par le recyclage mécanique).
Cette stratégie de la durabilité a été conceptualisée notamment par Walter Stahel, fondateur de l'Institut de la durée, à Genève.
Stratégie de la «durabilité»:

  1. Réutilisation

  2. Réparation

  3. Remise en état («remanufacturing»)

  4. Recyclage (dernière option!)

Voir:
Walter Stahel, Institut de la durée:
 

Economie de fonctionnalité

Une stratégie complémentaire de dématérialisation est connue sous le nom d'«économie de fonctionnalité».
Il s'agit de vendre non plus le produit, mais la fonction.
Par exemple, vendre non pas une chaudière à gaz, mais vendre le service «confort thermique». Dans le modèle traditionnel, le vendeur a intérêt à vendre le plus de chaudières neuves possibles. Dans le modèle de l'économie de fonctionnalité, le vendeur, qui vend maintenant un service, à tout intérêt à ce que la chaudière ait une durée vie aussi longue que possible, tombe en panne le moins souvent possible, consomme le moins de combustible possible, etc.
L'économie de fonctionnalité implique un déplacement du centre de gravité de l'économie: le but n'est plus de vendre toujours plus de produits neufs, mais de vendre la fonctionnalité. Le système économique actuel est optimisé pour accroître la production d'objets neufs. Dans le cas de l'économie de fonctionnalité, l'activité économique principale n'est plus la production d'objets neufs, mais la recherche et le développement, l'entretien, la rénovation, le recyclage, le marketing de nouveaux services, etc.
L'économie de fonctionnalité, mise en œuvre à grande échelle,pourrait permettre de dématérialiser l'économie de manière très significative.
Remarque
Economie de fonctionnalité («functionality economy»)
Concept: Vendre la fonction (le service) au lieu du produit.
Déplacement du «centre de gravité» de l'activité économique